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Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/169

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Dites en quel vallon vos écrits médités
Soumirent à vos vœux les plus rares beautés..
Qu’aisément à ce prix un jeune cœur s’embrâse !
Je n’ai point pour la gloire inquiété Pégase.
L’obscurité tranquille est plus chère à mes yeux
Que de ses favoris l’éclat laborieux.
Peut-être, n’écoutant qu’une jeune manie,
J’eusse aux rayons d’Homère allumé mon génie ;
Et d’un essor nouveau, jusqu’à lui m’élevant,
Volé de bouche en bouche heureux et triomphant.
Mais la tendre Élégie et sa grâce touchante
M’ont séduit. L’Élégie à la voix gémissante,
Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars ;
Belle, levant au ciel ses humides regards.
Sur un axe brillant c’est moi qui la promène
Parmi tous ces palais dont s’enrichit la Seine ;
Le peuple des amours y marche auprès de nous ;
La lyre est dans leurs mains. Cortége aimable et doux,
Qu’aux fêtes de la Grèce enleva l’Italie !
Et ma fière Camille est la sœur de Délie.
L’Élégie, ô Le Brun ! renaît dans nos chansons,
Et les muses pour elle ont amolli nos sons.
Avant que leur projet, qui fut bientôt le nôtre,
Pour devenir amis nous offrît l’un à l’autre,
Elle avait ton amour, comme elle avait le mien ;
Elle allait de ta lyre implorer le soutien.
Pour montrer dans Paris sa langueur séduisante
Elle implorait aussi ma lyre complaisante.
Femme, et pleine d’attraits, et fille de Vénus,
Elle avait deux amans "un à l’autre inconnus.