Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/195

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FRAGMENS.


Tel j’étais autrefois et tel je suis encor :
Quand ma main imprudente a tari mon trésor,
Quand la nuit, accourant au sortir de la table,
Si Fanni m’a fermé le seuil inexorable,
Je regagne mon toit. Là, lecteur studieux,
Content et sans désirs, je rends grâces aux dieux.
Je crie : Ô soins de l’homme, inquiétudes vaines !
» Ô que de vide, hélas ! dans les choses humaines !
» Faut-il ainsi poursuivre, au hasard emportés,
» Et l’argent et l’amour, aveugles déités ! »
Mais si Plutus revient de sa source dorée
Conduire dans mes mains quelque veine égarée ;
À mes signes, du fond de son appartement,
Si ma blanche voisine a souri mollement ;
Adieu les grands discours, et le volume antique,
Et le sage lycée, et l’auguste portique ;
Et reviennent en foule et soupirs et billets,
Soins de plaire, parfums et fêtes et banquets,
Et longs regards d’amour, et molles élégies,
Et jusques au matin amoureuses orgies.