Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/218

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Et se transforme, et fuit mes poétiques doigts ;
De rimes couronnée, et légère et dansante,
En nombres mesurés elle s’agite et chante.
Des antiques vergers ces rameaux empruntés
Croissent sur mon terrain mollement transplantés.
Aux troncs de mon verger ma main avec adresse
Les attache ; et bientôt même écorce les presse.
De ce mélange heureux l’insensible douceur
Donne à mes fruits nouveaux une antique saveur.
Dévot adorateur de ces maîtres antiques,
Je veux m’envelopper de leurs saintes reliques.
Dans leur triomphe admis, je veux le partager ;
Ou bien de ma défense eux-mêmes les charger.
Le critique imprudent, qui se croit bien habile,
Donnera sur ma joue un soufflet à Virgile.
Et ceci (tu peux voir si j’observe ma loi)
Montaigne, il t’en souvient, l’avait dit avant moi.


ÉPÎTRE III.


Laisse gronder le Rhin et ses flots destructeurs,
Muse ; va de Le Brun gourmander les lenteurs.
Vole aux bords fortunés où les champs d’Élysée
De la ville des lis ont couronné l’entrée ;