Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/227

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Et le fugitif Actéon,
Percé par les traits d’Orion,
Peut l’accuser et peut se plaindre.



ODE V


AUX PREMIERS FRUITS DE MON VERGER.


Précurseurs de l’automne, Ô fruits nés d’une terre
Ou l’art industrieux, sous ses maisons de verre,
Des soleils du midi sait feindre les chaleurs,
Allez trouver Fanny ; cette mère craintive.
À sa fille aux doux yeux, fleur débile et tardive,
Rendez la force et les couleurs.

Non qu’un péril funeste assiége son enfance ;
Mais du cœur maternel la tendre défiance
N’attend pas le danger qu’elle sait trop prévoir.
Et Fanny, qu’une fois les destins ont frappée,
Soupçonneuse et long-temps de sa perte occupée,
Redoute de loin leur pouvoir.

L’été va dissiper de si promptes alarmes.
Nous devons en naissant tous un tribut de larmes ;
Les siennes ont déjà trop satisfait aux dieux.