Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/272

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S’il n’a point vu ces murs où renaît son pays.
Que Sion, Delphe, et la Mecque, et Saïs
Aient de moins de croyans attiré l’œil fidèle.
Que ce voyage souhaité
Récompense nos fils. Que ce toit leur rappelle
Ce tiers-état à la honte rebelle,
Fondateur de la liberté :
Comme en hâte arrivait la troupe courageuse,
À travers d’humides torrens
Que versait la nue orageuse ;
Cinq prêtres avec eux ; tous amis, tous parens,
S’embrassant au hasard dans cette longue enceinte ;
Tous juraient de périr ou vaincre les tyrans ;
De ranimer la France éteinte ;

VIII.


De ne point se quitter que nous n’eussions des lois
Qui nous feraient libres et justes.
Tout un peuple, inondant jusqu’aux faites des toits,
De larmes, de silence, ou de confuses voix,
Applaudissait ces vœux augustes.
Ô jour ! jour triomphant ! jour saint ! jour immortel !
Jour le plus beau qu’ait fait luire le ciel
Depuis qu’au fier Clovis Bellone fut propice !
Ô soleil, ton char étonné
S’arrêta. Du sommet de ton brûlant solstice
Tu contemplais ce divin sacrifice !
Ô jour de splendeur couronné,
Tu verras nos neveux, superbes de ta gloire,