Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/293

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Que pouvaient mes amis ? Oui, de leur main chérie,
Un mot à travers ces barreaux,
A versé quelque baume en mon ame flétrie ;
De l’or peut-être à mes bourreaux...
Mais tout est précipice : Ils ont eu droit de vivre.
Vivez, amis ; vivez contens.
En dépit de Bavus soyez lents à me suivre.
Peut-être en de plus heureux temps
J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune,
Détourné mes regards distraits ;
À mon tour aujourd’hui mon malheur importune.
Vivez, amis ; vivez en paix.


IAMBE III.


Que promet l’avenir ? Quelle franchise auguste,
De mâle constance et d’honneur
Quels exemples sacrés, doux à l’ame du juste,
Pour lui quelle ombre de bonheur,
Quelle Thémis, terrible aux têtes criminelles,
Quels pleurs d’une noble pitié,
Des antiques bienfaits quels souvenirs fidèles,
Quels beaux échanges d’amitié
Font digne de regrets l’habitacle des hommes ?
La peur blême et louche est leur dieu.