Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/56

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Crie ; il y plonge ensemble et la flamme et la mort.
L’autel est dépouillé. Tous vont s’armer de flamme,
Et le bois porte au loin les hurlemens de femme,
L’ongle frappant la terre, et les guerriers meurtris,
Et les vases brisés, et l’injure, et les cris.

Ainsi le grand vieillard, en images hardies,
Déployait, le tissu des saintes mélodies.
Les trois enfans, émus à son auguste aspect,
Admiraient, d’un regard de joie et de respect,
De sa bouche abonder les paroles divines,
Comme en hiver la neige aux sommets des collines.
Et partout accourus, dansant sur son chemin,
Hommes, femmes, enfans, les rameaux à la main,
Et vierges et guerriers, jeunes fleurs de la ville,
Chantaient : « Viens dans nos murs, viens habiter notre île ;
» Viens, prophète éloquent, aveugle harmonieux,
» Convive du nectar, disciple aimé des dieux ;
» Des jeux, tous les cinq ans, rendront saint et prospère
» Le jour où nous avons reçu le grand Homère. »