Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/70

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LE MENDIANT.



C’ÉTAIT quand le printemps a reverdi les prés.
La fille de Lycus, vierge aux cheveux dorés,
Sous les monts Achéens, non loin de Crénée,
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Errait à l’ombre, aux bords du faible et pur Crathis ;
Car les eaux du Crathis, sous des berceaux de frêne,
Entouraient de Lycus le fertile domaine.
........ Soudain, à l’autre bord,
Du fond d’un bois épais, un noir fantôme sort
Tout pâle, demi-nu, la barbe hérissée
Il remuait à peine une lèvre glacée ;
Des hommes et, des dieux implorait le secours,
Et dans la forêt sombre errait depuis deux jours.
Il se traîne, il n’attend qu’une mort douloureuse ;
Il succombe. L’enfant, interdite et peureuse
À ce hideux aspect sorti du fond du bois,
Veut fuir ; mais elle entend sa lamentable voix.
Il tend les bras, il tombe à genoux ; il lui crie
Qu’au nom de tous les dieux il la conjure, il prie,