Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/89

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HYLAS.


AU CHEVALIER DE PANGE.


LE navire éloquent fils des bois du Pénée,
Qui portait à Colchos la Grèce fortunée,
Craignant près de l’Euxin les menaces du nord,
S’arrête ; et se confie au doux calme d’un port.
Aux regards des héros le rivage est tranquille ;
Ils descendent. Hylas prend un vase d’argille,
Et va, pour leurs banquets sur l’herbe préparés,
Chercher une onde pure en ces bords ignorés.
Reines, au sein d’un bois, d’une source prochaine
Trois naïades l’ont vu s’avancer dans la plaine.
Elles ont vu ce front de jeunesse éclatant,
Cette bouche, ces yeux. Et leur onde à l’instant
Plus limpide, plus belle, un plus léger zéphire,
Un murmure plus doux l’avertit et l’attire.
Il accourt. Devant lui l’herbe jette des fleurs :
Sa main errante suit l’éclat de leurs couleurs ;
Elle oublie, à les voir, l’emploi qui la demande,
Et s’égare à cueillir une belle guirlande.