Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/106

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perfections dont il sera susceptible ; mais les fautes qu’elle a pu commettre peuvent être réparées. par ce qu’elle- même a fait ; mais la souveraineté de la nation, l’égalité des hommes, et les autres immuables bases sur lesquelles elle a fondé son édifice, en assurent la durée, si nous- mêmes n’y mettons obstacle. Ainsi elle est l’unique centre autour duquel tous les citoyens honnêtes, tous les Français doivent se rallier ; ils doivent tous l’aider de tout leur pouvoir à terminer son grand ouvrage’, et à le transmettre à des mains instruites par elles à le perfectionner, à le consolider.

Je le répète donc : que tous les citoyens honnêtes contemplent et envisagent sans effroi, s’ils le peuvent, dans quel abîme nous jetteraient les conseils de ces perturbateurs séditieux. Il ne faut, pour faire cet examen, que de la bonne foi et une raison ordinaire ; car, indépendamment de leurs violentes sorties contre l’Assemblée nationale elle-même, n’est-il pas évident que leur turbulente doctrine ne tend qu’à sa destruction, et par conséquent à la nôtre. En effet, si, comme ils le veulent, la plus nombreuse partie de la nation conservait ce goût et cette habitude des attroupements tumultueux et des soulèvements contre tout ce qui ne lui plairait pas, que deviendraient les travaux et l’industrie, qui seuls peuvent faire acquitter les impôts, c’est-à-dire, soutenir la fortune publique ? Et ici je ne parle même pas des conseils donnés expressément et directement contré l’impôt même, lorsque l’Assemblée nationale en a allégé le poids autant que pouvaient le permettre nos pénibles circonstances. Je me borne à montrer l’effet naturel, certain, infaillible, que produirait