Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/155

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rent dans la nécessité de renouveler souvent leurs inutiles efforts, pour tâcher, par la subtilité des interprétations, d’affaiblir l’impression d’horreur que cette barbare extravagance de leur honorable ami avait laissée dans les esprits. Et quiconque aura connu l’Angleterre dans ces derniers temps peut attester qu’il les réduit souvent à cette nécessité ; et qu’avec une imagination vive et une érudition assez étendue, ce rhéteur sans goût, sans jugement, sans aucune idée de critique et de ce qui est décent et honnête, semble ne plus ouvrir la bouche que pour embarrasser ses amis et faire rire ses ennemis.

Aujourd’hui, c’est la nation française, ses nouvelles lois, sa liberté, qui ont servi d’objet aux délires de son injurieuse démence. Aucunes choses, aucunes personnes n’ont été à l’abri de ce débordement de fiel. Et comme j’ai un frère qui s’est aussi vu en butte à l’insolente imbécillité de ses rêveries frénétiques, j’ai peur que quelques lecteurs, et lui-même, n’attribuent à cette cause, dont je ne rougirais pas, ma juste indignation contre son dégoûtant libelle. Mais je le prie, ainsi que mes lecteurs, de croire qu’ayant demeuré trois années en, Angleterre, je n’avais nul besoin de son nouveau chef-d’œuvre pour connaître et apprécier l’intempérance désordonnée de sa bile, l’incurable perversité de son jugement, et surtout sa prodigieuse fécondité à inventer des accusations atroces et à vomir de basses injures.

En prenant la plume pour lui rendre ici la justice qui lui est due, je me suis souvenu que, bien qu’il ne