Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/113

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NAÏS.

Satyre, que fais-tu ? Quoi ! ta main ose encore…

DAPHNIS.

Eh ! laisse-moi toucher ces fruits délicieux…
Et ce jeune duvet…

NAÏS.

Et ce jeune duvet…Berger… au nom des dieux…
Ah !… je tremble…

DAPHNIS.

Ah !… je tremble…Et pourquoi ? que crains-tu ? Je t’adore.
Viens.

NAÏS.

Viens.Non ; arrête… Vois, cet humide gazon
Va souiller ma tunique, et je serais perdue ;
Mon père le verrait.

DAPHNIS.

Mon père le verrait.Sur la terre étendue
Saura te garantir cette épaisse toison.

NAÏS.

Dieux ! quel est ton dessein ? Tu m’ôtes ma ceinture.

DAPHNIS.

C’est un don pour Vénus ; vois, son astre nous luit.

NAÏS.

Attends… si quelqu’un vient. Ah ! dieux ! j’entends du bruit.

DAPHNIS.

C’est ce bois qui de joie et s’agite et murmure.