Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/126

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Malheureux étranger si peu sûr de tes coups,
Tremble, tu paieras cher ton erreur homicide ;
Ta main ne sera plus imprudente et perfide ;
Du premier de nos Grecs elle tranche les jours ;
Mais, malheureux, ton corps va nourrir les vautours. »
Insensés ! d’une erreur ils le croyaient coupable ;
Ils ne présumaient pas que ce coup formidable,
Pour eux d’un même sort était l’avant-coureur.
Ulysse, sur eux tous roulant avec fureur
Un regard enflammé d’une sanglante joie :
« Vous ne m’attendiez plus des campagnes de Troie,
Lâches, qui, loin de moi, dévorant ma maison,
De tous mes serviteurs payant la trahison,
Osiez porter vos vœux au lit de mon épouse,
Sans redouter des Dieux la vengeance jalouse,
Ou qu’aucun bras mortel osât me secourir.
Tremblez, lâches, tremblez : vous allez tous mourir. »

....................

Et portent à mon lit une envie adultère.



III[1]

LA LIBERTÉ


UN CHEVRIER, UN BERGER


LE CHEVRIER.

Berger, quel es-tu donc ? qui t’agite ? et quels dieux
De noirs cheveux épars enveloppent tes yeux ?

  1. Édition 1819. Tiré de la vie églogue de Virgile.