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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/228

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Son épaule pliait sous une outre vineuse[1].


La Vendange paraît, déesse aux yeux humides, à la marche vive et un peu chancelante, et, les flancs ceints de sarments et de pampres verts, et le front couronné de grappes odorantes, le thyrse à la main, danse et chante.


LXXII[2]


.................
Salut, aube au teint frais, jeune sœur de Zéphire !
Descends, muse, chantons, apporte-moi ma lyre.
L’oiseau, sur son rameau, mélodieux réveil !
De l’abri de son aile, asile du sommeil,
À retiré sa tête, et de sa voix légère
Va chanter tout le jour. Qu’aurait-il mieux à faire ?




Ô quel que soit ton nom, soit Vesper, soit Phosphore.
Messager de la nuit, messager de l’aurore,
Cruel astre au matin, le soir astre si doux !
Phosphore, le matin, loin de nos bras jaloux,
Tu fais fuir nos amours tremblantes, incertaines ;
Mais le soir, en secret, Vesper, tu les ramènes.
La vierge qu’à l’hymen la nuit doit présenter
Redoute que Vesper se hâte d’arriver.
Puis, aux bras d’un époux, elle accuse Phosphore
De rallumer trop tôt les flambeaux de l’aurore.

  1. L’Automne.
  2. Édit. G. de Chénier.