Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/319

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L’amicale douceur de tes chers entretiens,
Ton honnête candeur, ta modeste science,
De ton cœur presque enfant la mûre expérience.
Poursuis : dans ce bel âge où faibles nourrissons
Nous répétons à peine un maître et ses leçons,
Il est beau dans les soins d’un solitaire asile,
(Même dans tes amours, doux, aimable, tranquille),
De savoir loin des yeux, sans faste, sans fierté,
Sage pour soi, content, chercher la vérité.
Va, poursuis ta carrière ; et sois toujours le même ;
Sois heureux, et surtout aime un ami qui t’aime.
Ris de son cœur débile aux désirs condamné,
De l’étude aux amours sans cesse promené,
Qui toujours approuvant ce dont il fuit l’usage,
Aimera la sagesse, et ne sera point sage.


XXX[1]

À LE BRUN


Mânes de Callimaque, ombre de Philétas,
Dans vos saintes forêts daignez guider mes pas.
J’ose, nouveau pontife aux antres du Permesse,
Mêler des chants français dans les chœurs de la Grèce,
Dites en. quel vallon vos écrits médités
Soumirent à vos vœux les plus rares beautés.
Qu’aisément à ce prix un jeune cœur s’embrase !
Je n’ai point pour la gloire inquiété Pégase.

  1. Édition 1819. Le titre a été ajouté par les éditeurs.