Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/334

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Voulant m’ouvrir des bras fatigués, impuissants
Abattue, et Sa voix altérée, incertaine,
Ses yeux anéantis ne s’ouvrant plus qu’à peine,
Ses cheveux en désordre et rajustés en vain,
Et son haleine encore agitée, et son sein…
Des caresses de feu sur son sein imprimées,
Et de baisers récents ses lèvres enflammées.
J’ai tout vu. Tout m’a dit une coupable nuit.
Sans même oser répondre, interdite, elle fuit,
Sans même oser tenter le hasard d’un mensonge ;
Et moi, comme abus des promesses d’un songe,
Je venais, j’accourais, sûr d’être souhaité,
Plein d’amour et de joie et de tranquillité !


XXXVI[1]

LA LAMPE


 
Ô nuit ! j’avais juré d’aimer cette infidèle ;
Sa bouche me jurait une amour éternelle ;
Et c’est toi qu’attestait notre commun serment.
L’ingrate s’est livrée aux bras d’un autre amant,
Lui promet de l’aimer, le lui dit, le lui jure,
Et c’est encore toi qu’atteste la parjure !

  1. Édition de 1819. Le titre a été ajouté par les éditeurs. Nous le conservons parce que cette pièce est connue sous ce titre.

    La 25e épigramme d’Asclépiade a fourni le sujet de cette élégie, développée par des emprunts à une épigraninie de Méléagre. (Anath. V, 8).