Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ces sourcils hideux, et ces plaintes amères,
De leur âge chagrin lugubres appareils.
Lycoris, les amours ont un plus doux langage :
Jouissons ; être heureux, c’est sans doute être sage.
Vois les soleils mourir au vaste sein des eaux ;
Thétis donne la vie à des soleils nouveaux,
Qui mourront dans son sein, et renaîtront encore ;
Pour nous, un autre sort est écrit chez les dieux ;
Nous n’avons qu’un seul jour ; et ce jour précieux
S’éteint dans une nuit qui n’aura point d’aurore.
Vivons, ma Lycoris, elle vient à grands pas
Et dès demain peut-être elle nous environne ;
Profitons du moment que le destin nous donne,
Ce moment qui s’envole, et qui ne revient pas.
Vivons, tout nous le dit ; vivons, l’heure nous presse ;
Les roses, dont l’Amour pare notre jeunesse,
Seront autant de biens dérobés au trépas.


LXXXII[1]

ÉLÉGIE ITALIENNE[2]


ÉLOGE DE LA VIEILLESSE.


 
Ô délices d’amour, et toi, molle paresse,
Vous aurez donc usé mon oisive jeunesse !

  1. Revue de Paris, 1829.
  2. André a désigné quelques élégies par ces signes : Ἔλεγ. ἰταλ. c’est-à-dire : Ἔλεγος ἰταλικός, élégie italienne ; quelques autres par ceux-ci : Ἔλεγ. ἠῷ., c’est-à-dire : Ἔλεγος ἠῷος, élégie orientale.