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ÉPÎTRES
I[1]
À LE BRUN ET AU MARQUIS DE BRAZAIS
Le Brun, qui nous attends aux rives de la Seine[2],
Quand un destin jaloux loin de toi nous enchaîne ;
Toi, Brazais, comme moi sur ces bords appelé,
Sans qui de l’univers je vivrais exilé ;
Depuis que de Pandore un regard téméraire
Versa sur les humains un trésor de misère,
Pensez-vous que du ciel l’indulgente pitié
Leur ait fait un présent plus beau que l’amitié ?
Ah ! si quelque mortel est né pour la connaître.
C’est nous, âmes de feu, dont l’Amour est le maître.
Le cruel trop souvent empoisonne ses coups ;
Elle garde à nos cœurs ses baumes les plus doux.
Malheur au jeune enfant seul, sans ami, sans guide,
Qui près de la beauté rougit et s’intimide,
Et, d’un pouvoir nouveau lentement dominé,