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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/156

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Gît le cadavre épars d’une ville…


Fait retentir la nue et les temples du ciel.


Donec fortunam pudeat criminis sui.
Phædre, liv. II, épil.

Sans se plaindre du ciel qui l’opprime,


Attend que la fortune ait honte de son crime.


N’est-ce pas un tel que j’aperçois revenir du combat tout sanglant ?… Apportez-moi ma lyre, Ôtez-la du clou qui la suspend à la colonne… que je chante…


Il faut placer quelque part de ces caractères d’hommes qui voient tout en beau, qui, sur un seul mot qu’on leur dit d’une chose, bâtissent un long roman…


Mettre dans la bouche de celui qui aura vu les Andes…

Ces énormes granits épars çà et là, sans ordre… ces fleuves immenses qui se précipitent… ces neiges…


Ces hauts monts que blanchit un éternel hiver,


Ce chaos semble les débris d’un monde, les Titans. On croit voir là dans ces enfantements monstrueux, sans forme, sans ordre, la nature mère agitée, déchirée, gémir dans les travaux d’un avortement.


Τενέδοιό τε ἀμφιϐέϐηκας.
Hom., Il., I[1]


Les prêtres américains peuvent dire à leur Dieu :

  1. Vers 451 et 452.