Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/171

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J’irai te voir, et Flore et le ciel qui te luit.
Là je contemple enfin (ma déesse m’y suit)
Sur un lit que je cueille en tes rians asiles,
Ses appas, sa pudeur, et ses fuites agiles,
Et dans la rose en feu l’albâtre confondu,
Comme un ruisseau de lait sur la pourpre étendu.


Dans les plaisanteries pour rire, il faut prendre garde de ne rien dire qui puisse être une vérité.


L’amour est délicat, un rien peut le blesser.


Quand on a resté avec ce qu’on aime, même sans rien dire, le temps a passé vite, on s’étonne toujours qu’il soit déjà si tard.


Nulle heure n’est oisive et nul instant n’est vide[1].
Le temps vole, pour eux, d’une aile si rapide !
Tous deux muets, tous deux tranquilles à l’écart,
S’étonnent à la fin qu’il soit déjà si tard.
Ils se parlent d’amour dans leur silence même.
L’âme sans le vouloir rêve de ce qu’elle aime.
Il est là : c’est assez.


Je leur ai conseillé de s’absenter quelquefois. ; mais vous n’avez rien à craindre, c’est un précepte bien pénible.


Eh ! qui peut sans mourir s’éloigner d’une amante ?


  1. Ce fragment a été placé par M. G. de Chénier dans les Élégies