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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/179

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Un vers en comparaison Nervis alienis mobile lignum[1].


....................
Aux signes de l’aimant statue obéissante,
S’enflamme au seul aspect d’un feu contagieux.
Ainsi, quand au hasard un doigt harmonieux
Agite et fait parler une corde sonore.
Une autre corde au loin qu’on négligeait encore
D’elle-même résonne, éveillée à ce bruit,
Et s’unit à sa sœur, et l’écoute et la suit.


Aux bords où l’on voit naître et l’Euphrate et le jour,
plus d’obstacle et de crainte environne l’amour.
Aussi..................
....................
..Sans se pouvoir parler même des jeux,
On se parle, on se voit. Leur cœur ingénieux
Donne à tout une voix entendue et muette.
Tout de leurs doux pensers est le doux interprète.
Désirs, crainte, serments, caresse, injure, pleurs,
Leurs dons savent tout dire : ils s’écrivent des fleurs.
Par la tulipe ardente une flamme est jurée ;
L’amarante immortelle atteste sa durée.
L’œillet gronde une belle. Un lis vient l’apaiser.
L’iris est un soupir ; la rose est un baiser.
C’est ainsi chaque jour qu’une sultane heureuse
Lit en bouquet la lettre odorante, amoureuse.
Elle pare son sein de soupirs et de vœux ;
Et des billets d’amour embaument ses cheveux.

  1. Horace, liv. II, satire vii, v. 81, 82.