Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/184

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Les persécuter, c’est les rendre intéressants même à ceux qui les méprisent.


Que le glaive des lois frappe le malfaiteur,
C’est à nous de punir le prophète menteur ;
Voulant nous abuser, c’est nous seuls qu’il outrage.
Arabe vagabond, s’il ose, à chaque page,
Enfler de contes vains ses orgueilleux récits.
Et frapper sur l’épaule à des rois ses amis ;
S’il étale partout, dans sa plate éloquence.
Des temps, des lieux, des mœurs une absurde ignorance.
Aussitôt contre lui l’équitable raison
S’arme du ridicule et non de la prison.
Mais si l’on vient...... avec scandale
L’immoler aux abois d’une plume vénale.


Si l’on veut le perdre sans un crime prouvé


Et presque sur sa tête attirer le supplice,
Les gens de bien alors sauront avec justice.
Et séparant en lui sa vie et son malheur,
Rire de ses travers, mais plaindre sa douleur.


Oh ! combien ces charlatans, seuls, à souper avec leurs confidents, doivent rire en se rappelant…

Un jeune homme ayant retenu quelque phrase de Voltaire se moque de tous ces rêves sacrés qu’enfanta le Jourdain… puis il vous dit tranquillement ceci et cela… il croit tout cela moins ridicule que l’eau changée en vin… Une jolie femme… écoutant des expressions de métaphysique vous prouve… elle voit des esprits… elle vous en fera voir… soit, j’y consens pour moi. Tout ce qu’elle voudra me montrer, je le verrai avec plaisir. Quelque prestige que nous…