Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/206

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Jusques aux plats Midas qui les ont achetés.
Ah ! ce manège obscur aux palmes poétiques
Ne guida point les pas de nos maîtres antiques.
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Dans les bras d’Apollon leur naissance accueillie
Avait été trempée aux eaux de Castalie.
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Les abeilles d’Attique, épiant leur sommeil,
Avaient, en flots de miel sur leur bouche docile.
Fait couler une voix et suave et facile.
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Et d’un vol généreux se fiaient à leurs ailes.

Ils ne furent point vus, clients ambitieux.
Assiéger dès l’aurore un seuil impérieux,
Et des tristes fadeurs d’un hommage servile
Fatiguer les dédains d’un satrape imbécile.
Ils n’allèrent jamais chez un riche hébété
Avilir des talents l’auguste dignité,
Rendre une humble visite à sa table opulente,
Flatter de ses Laïs la bêtise insolente,
Caresser ses discours d’un œil approbateur,
Et vendre à ses bons mots un sourire menteur.
Même à la cour des rois, peu soucieux du tronc.
Le vieillard de Téos de roses se couronne ;
Toujours amant, toujours des grâces entouré.
Et de vin, et de joie, et d’amour enivré,
Porte après le banquet, voluptueux Socrate,