Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/238

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XIX[1]

COMPARAISON


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Ainsi l’homme endormi dans un songe brillant
Croit s’élever de terre ; il s’évapore, il nage,
Des liens de son corps s’envole et se dégage,
Loin, au-dessus des monts, et planant sur la mer.
S’écoule, et fuit rapide et léger comme l’air.
Son rêve, à son réveil, l’agite. Il s’y replonge.
Il tente ; il veut douter que ce puisse être un songe ;
Il cherche à s’envoler, et contraint de rester,
Maudit ce corps pesant qu’on l’oblige à porter.


Cette comparaison peut s’appliquer à un homme qui a enfanté un projet au-dessus de ses forces… C’est un objet de cette comparaison entre mille ; car il y en a beaucoup à choisir qui sont moins communs… et plus saillants…


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Que de forcer mes yeux à voir le jour dans l’ombre.
Ou ma bouche, en goûtant et d’absinthe et le fiel,
À croire savourer les délices du miel.

  1. Édition de G. de Chénier.