Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/253

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HYMNES



I[1]

À LA FRANCE[2]


France ! ô belle contrée, ô terre généreuse, que le ciel indulgent forma pour être heureuse, le Nord ne… le Midi ne… Tu n’as point de ces arbres dont l’ombre est mortelle… nec miseros fallunt aconita legentes… les tigres, les serpents… Tu as des chevaux (renommés) en Poitou… en Limousin… Tes montagnes ont de superbes forêts… La Bourgogne, Champagne, Aquitaine, Pyrénées font mûrir des vignes… La Provence couronne la mer d’oliviers, d’orangers, de citronniers, de grenadiers… Ajoutez mille fleuves, la Seine, la Moselle, l’indomptable Garonne, la Dordogne, (l’Aveyron), la Gironde, la Saône, la Meuse, l’Aude, où j’ai passé mon enfance, la Loire, le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées, font partout croître sur leurs rivages les moissons, et les fleurs, et les gras pâturages. Dirai-je ces ports sur les deux mers… ces ponts… ces villes florissantes… ce canal du Languedoc… ces beaux chemins que les Trudaine…?… Tes peuples ont chassé les Anglais, ont etc. La nature les a faits doux, bons, enclins à la joie… mais ils deviennent tristes… Ô France, trop heureuse si tu savais profiter de ce que les dieux t’avaient donné !… L’Anglais qui a un si beau gouvernement, l’An-

  1. Édition 1819.
  2. Le titre de cette pièce, tel qu’il existe en tête du canevas manuscrit, est Hymne à la Justice. C’est le premier éditeur qui lui a donné celui d’Hymne à la France, sous lequel elle est connue.