Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/289

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De Barca, du Niger les désertes arènes
Nourrissent cérastes ardents[1],
Tigres à l’œil de flamme, implacables hyènes.
Le bitume flotte en leur veines ;
Une rage homicide aiguillonne leurs dents.

À de tels compagnons votre juste message
Devait ouvrir votre cité,
Se jeter sur le faible est aussi leur courage.
Ils vivent aussi de carnage ;
Voir du sang est aussi leur seule volupté.

Mais n’osez plus flétrir de votre ignare estime
Des mortels semblables aux dieux.
Dans leurs mâles écrits quel foudre magnanime
Tonne sur vous et sur le crime !
Ah ! si le crime et vous pouviez baisser les yeux !…


XIII[2]


ÉCRIT À SAINT-LAZARE


... il demande du pain,
On lui donne du sang. Il voit tomber des têtes ;
Il chante et ne sent plus la faim.

    Dignes des vils τυρ. qui dév. la Fr.,
    Dignes de l’atroce démence
    Du stupide D. qu’autrefois j’ai chanté.
    (G. de Chénier)

  1. Vipères d’Égypte.
  2. Édition 1819, sauf les trois premiers vers.