Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/358

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Sans que Délie en pleurs..........
Veuille arrêter son âme ou partir avec lui[1]
Sans que................
....................
Sans que pâle et mourante elle suive son deuil ;
Sans que le voyageur pleure sur son cercueil
Et souhaite, en quittant cette terre étrangère,
Qu’à ses mânes heureux la tombe soit légère.

(1781).



Ah ! quand presque en naissant, hier, presque mon cœur
Se nourrissait au loin d’un avenir flatteur ;
Quand le charme qui suit les premières années
Ne m’offrait devant moi que belles destinées,
Assuré de mes dieux, quand mes jeunes projets
Me promettaient un nom, des plaisirs, des succès,
....................
Au sein de mes amis une vieillesse heureuse :
Ah ! je ne pensais pas, faible et naissant flambeau.
Sitôt m’aller éteindre en un obscur tombeau[2].
De maux prématurés la foule qui m’assiège
Méconnaît de mes ans le faible privilège ;
Et je vivrais aux pleurs, aux tourments condamné,
Esclave volontaire à la vie enchaîné,

  1. Variante :
    Ou le suivre au tombeau.
  2. Ce vers était suivi des deux ci-après que l’auteur a rayés :
    Sans apprendre mon nom à la gloire, à l’envie ;
    Sans avoir illustré ni ma mort, ni ma vie.
    (G. de Chénier.)