Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/37

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barbares emportent les corps. Statue d’Odin. Ils lui offrent ces corps morts, lui consacrent les armures, les bouchers, les aigles, insultent les Romains… Les bardes (dont le chant, comme tous les autres, sera coupé soit par strophes et antistrophes, soit par demi-chœur ἡμιχόρ., d’égales mesures) chantent le triomphe. Le dernier vers de chaque strophe ou demi-chœur doit être :


Bois, Odin, c’est du sang romain.


Cela doit être répété quatre fois dans ce dernier cantique. Il faut mettre ceci :


Les sept monts, tyrans de la terre,
Tressailleront d’épouvante et d’effroi ;



Le Tibre… leur Etna jettera des flammes…
… Le Capitole tremblera et Jupiter sera renversé.


Cet auguste invaincu, ce César fils des dieux,
Ce monarque des sept collines,


Il mettra ce jour parmi les nefasti… Chaque année à pareil jour il portera le deuil… il laissera croître ses cheveux et sa barbe. Oh ! quand il apprendra cette nouvelle à table, à son festin !… la coupe pleine de falerne lui tombera des mains… il ne voudra plus baiser les joues des jeunes vierges que sa femme lui a amenées…


De son front pâlissant son insolent laurier
Tombera réduit en poudre.


Seul, loin de ses amis, fuyant sous son toit.

Comme l’oiseau timide qui vient d’entendre la foudre,

Il ne voudra voir personne, ni sa femme, ni son sénat en deuil et en pleurs qui frappera de sa tête le seuil de son