Leur naissance est un crime et pour eux et pour lui.
Et quels enfants encore il avoue aujourd’hui !
L’une à la fois, grand Dieu ! sa fille et sa maîtresse
(Ô nom de la pudeur ! ô saint nom de Lucrèce !),
Tous méchants comme lui, dignes de son amour.
Lui seul dans l’univers put leur donner le jour.
Ses fils, vraiment ses fils, lâche et coupable engeance,
À son école impie ont appris la vengeance.
L’imposture, la soif de l’or et des États,
L’art des poisons secrets et des assassinats.
Sa fille à l’impudence en naissant élevée,
À ses époux mourants par son père enlevée !
À son frère, à son père indignement aimé,
Son sacrilège lit n’est pus même fermé !
Prêtre fornicateur, d’un inceste adultère
Le monstrueux mélange était fait pour lui plaire.
Des baisers de la fille et des crimes des fils,
Ou le sceptre, ou la pourpre, ou la mitre est le prix.
Non, certes, l’Esprit-Saint, ennemi du parjure.
Ne saurait habiter cette poitrine impure.
Non ! les anges du ciel n’approchèrent jamais
Ces lèvres ni ces yeux affamés de forfaits.
Ô Christ, agneau sans tache, ô Dieu sauveur de l’homme !
Non ! tu ne souris point sur les autels de Rome,
Lorsque parmi ses fils, ce pontife assassin
Que sa fille impudique a tenu sur son sein,
Couvrant des trois bandeaux sa tête diffamée.
Ouvre, pour te louer, sa bouche envenimée ;
Quand ses mains, de poisons artisans odieux,
Touchent ton corps sacre, nourriture des cieux,
Quand...............
Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/39
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