Avec l’explication du mécanisme de l’esprit humain… là gît… là, l’esprit des lois… là, dorment… Les lois… Ce sont elles qui sont rois : les rois sont leurs ministres.
Descends, œil éternel, tout clarté, tout lumière !
Viens luire dans son âme, éclairer sa paupière,
Pénétrer avec lui dans le cœur des humains ;
De ce grand labyrinthe ouvre-lui les chemins.
Qu’il aille interroger ses plus sombres retraites.
Voir de tous leurs pensers les racines secrètes.
Fais, de leurs passions, à ses doctes efforts,
Tenter, étudier, compter tous les ressorts.
Qu’un charme, en ses discours, flatte, entraîne, ravisse.
Fais régner sur les cœurs sa voix législatrice,
Pour qu’il les puisse instruire à vivre plus heureux :
Les unir de liens qui semblent nés pour eux ;
Étayer leur faiblesse et diriger leur force ;
De l’honnête et du beau leur présenter l’amorce.
Car si pour magistrats les lois ont des bourreaux.
Si leur siège sanglant est sur des échafauds,
La crainte sur les cœurs n’a qu’un pouvoir fragile.
Et qu’espérer de grand chez un peuple servile,
Lâche, à se mépriser en naissant façonné,
Avili par ses lois dès l’instant qu’il est né ?
Par ses lois ! Le poison, que son trépas va suivre,
Infecte l’aliment qui dût le faire vivre.
Toujours un grand supplice en amène un plus grand.
Plus la loi fait d’efforts, plus son pouvoir mourant