Page:Chénier - Poésies choisies, ed. Derocquigny, 1907.djvu/73

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À son ombre souvent les nymphes bocagères
Viennent former les pas de leurs danses légères ;
Pour mesurer ses flancs et leur vaste contour,
Leurs mains s’entrelaçant serpentent à l’entour :
Et, les bras étendus, vingt Dryades à peine
Pressent ce tronc noueux et dont Cérés est vaine.

(Tiré d’Ovide, Met., viii.)


XIII

HERCULE


Œta, mont ennobli par cette nuit ardente,
Quand l’infidèle époux d’une épouse imprudente
Reçut de son amour un présent trop jaloux,
Victime du centaure immolé par ses coups ;
Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre
En un bûcher immense amoncelle sans nombre
Les sapins résineux que son bras a ployés.
Il y porte la flamme ; il monte, sous ses pieds
Étend du vieux lion la dépouille héroïque,
Et l’œil au ciel, la main sur la massue antique,
Attend sa récompense et l’heure d’être un dieu.
Le vent souffle et mugit. Le bûcher tout en feu
Brille autour du héros, et la flamme rapide
Porte au palais divin l’âme du grand Alcide !


XIV

HÉRICHTHON


J’apprends, pour disputer un prix si glorieux.
Le bel art d’Érichthon, mortel prodigieux
Qui sur l’herbe glissante, en longs anneaux mobiles,
Jadis homme et serpent, traînait ses pieds agiles.
Élevé sur un axe, Êrichthon le premier
Aux liens du timon attacha le coursier.
Et vainqueur, près des mers, sur les sables arides,
Fit voler à grand bruit les quadriges rapides.