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Page:Chênedollé - Œuvres complètes, 1864.djvu/51

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LES CIEUX.

Mais quel Astre, étalant son écharpe d’albâtre,
Blanchit des vastes Cieux le pavillon bleuâtre ?
Laissez-moi contempler, du front de ces coteaux,
Ce disque réfléchi qui tremble sur les eaux !
Liée à nos destins par droit de voisinage,
La Lune nous échut à titre d’apanage ;
Et l’éternel contrat qui l’enchaîne à nos lois
D’un vassal, envers nous, lui prescrit les emplois :
Par elle nous goûtons les douceurs de l’empire.
Des traits brûlants du jour quand le monde respire,
Tributaire fidèle, en reflets amoureux,
Elle vient du soleil nous adoucir les feux ;
Tantôt brille en croissant, tantôt lui tout entière,
Et commerce avec nous et d’ombre et de lumière.
Cet astre au front mobile, en voyageant dans l’air,
Obéit à la terre, et commande à la mer,
Ramène de Téthys la fièvre régulière,
Et balance ses flots sur leur double barrière.
Dans un cercle inégal mesurant chaque mois,
La Lune autour de nous marche et luit douze fois,
Et son pas suit de près les pas de notre année.
Satellite paisible, elle nous fut donnée
Pour dissiper des nuits la ténébreuse horreur,
Et cette obscurité, mère de la terreur.
Tandis que le Soleil, éclairant d’autres mondes,
Ne laisse sur ses pas que des ombres profondes,