Page:Chair molle.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Charles m’a encore envoyé de l’argent, je lui avais écrit des blagues, il a mangé la carotte ; et puis, je viens encore de lui écrire, il y a deux jours, que j’avais perdu mon porte-monnaie, qu’il me fallait de l’argent tout de suite ; même que ça m’épate joliment qu’il ne réponde pas.

— Eh bien, vrai, ma fille, tu vas bien. C’est du propre. Et comment que t’as fait pour dépenser tout cet argent-là ?

— Est-ce que je sais moi ? C’est parti tout seul… Ah ! d’abord j’ai payé le cornac.

— Payé quoi ?

— Mon dédit donc. Tu ne sais pas : j’ai lâché la compagnie de plusieurs crans. Oh ! j’en avais plein le dos à la fin, ce qu’on s’y embêtait dans cette baraque-là !

— Ah ! tu ne chantes plus. Allons, c’est très bien ; tu espères vivre de tes rentes, comme ça ? Et le reste de l’argent, qu’est-ce que tu en as fait ?

— Rien, je te dis. J’ai fait la noce avec Georges. Et puis, nous avons bu du champagne. Ah ! tu sais que nous sommes allés à Lille, avant-hier, pour voir une actrice de Paris qui joue rudement bien, j’ai pleuré tout le temps. Et puis après, j’ai acheté une boîte de cigares, il m’en restait plus de ceux de Charles. Oh ! il va faire une bonne tête Charles quand il reviendra !

Cette idée l’égaya fort. Pour s’expliquer plus