Page:Chair molle.djvu/185

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sieurs coups, familièrement frappés à la porte, firent remarquer à Georges que les huîtres arrivaient.

— Non, c’est pas possible, ou bien il faut qu’elle soit joliment en avance.

Lucie, vaguement inquiète, ajouta :

— Va vite ouvrir la porte.

Georges refusa, et la fille, maugréant, sauta du lit, courut à la porte, ramassant en sa camisole ses chairs croulantes. Elle tourna la clef. Le battant s’ouvrit violemment. Dans le chambranle, un officier apparut, tout pâle.

Lucie s’effara :

— Comment, c’est toi, Charles ?

On ne répondit pas, on examinait la chambre et Lucie, épouvantée, suivait les regards, les gestes de son amant avec un accroissement de terreur.

Sur le parquet, des bouteilles vides s’alignaient ; la table était surchargés de verres graisseux ; dans l’armoire béante, du linge sali ; il aperçut enfin Georges, très rouge, immobile, dans une stupeur. Alors le miché éclata, et, balbutiant, lâchant les phrases, il criait avec des jets de salive :

— Tonnerre de Dieu ! Sacrée garce ! Je comprends maintenant pourquoi tu me demandais de l’argent. C’était pour entretenir Monsieur. Non ça, je ne veux pas ; je vais vous faire coffrer tous