qu’elle n’avait pas entendues depuis longtemps, elle admira la justesse de ces réflexions ; elle se rappela avoir eu déjà les mêmes idées. Peu à peu sa douleur disparaissait. À la tension de ses nerfs succédait un amollissement. Son oreille distraite trouvait un plaisir à recueillir de tendres paroles.
Lui, toujours très doux, avec des inflexions chantantes, poursuivait l’aveu de sa passion. Il louait les manières de la fille, la bonté que marquait son visage et qui avait dû être la cause de ses infortunes.
Lucie regardait le mur sans voir ; machinalement elle répétait tout bas les phrases de l’homme qui lui semblaient harmonieuses. L’émotion de la nuit, sa rage durant des heures l’avait brisée. Elle ne pensait plus, impuissante à former une idée. Vainement elle essayait résister par le raisonnement aux tentatives du garçon, bientôt elle retombait dans une torpeur avachie, et se laissait bercer par les discours de Zéphyr, qui acquéraient en son esprit une croissante vigueur. Puis, toute à ses réflexions, elle n’écouta plus. Elle songeait à la possibilité d’une vie honnête et calme, qu’elle imaginait charmante. Seulement des lambeaux de phrases lui arrivaient que Zéphyr lançait plus haut. Maintenant il dépeignait la félicité d’un ménage à deux : « C’est pas moi qui vous mépriserais : il faut bien vivre,