Page:Chair molle.djvu/250

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freuses choses. Elle ne finirait donc pas, cette maladie ! Voilà un mois qu’elle était couchée dans ce lit d’hôpital, un mois, c’était si long !

Zéphyr que devenait-il ?

Pauvre Zéphyr !… Et cette douleur qui ne cessait pas. Il lui semblait toujours qu’on la broyait, que sa peau allait éclater sous la pression intérieure d’une bouillie fermentante de chairs et d’os brisés. Et partout un pus suintait ; elle sentait sur ses jambes dégouliner, en minces filets, une liqueur tiède et elle se vautrait dans des draps humides. Qu’avait-elle dans le corps qui s’écoulait ainsi, sans arrêt ?

— Eh bien, vous avez une rude fièvre, vous. Buvez ça… Ce n’est pas bon, hein ? Ça vous apprendra à faire la noce.

— Merci, Madame, répondit Lucie Thirache en rendant la tasse.

Quand l’infirmière fut partie, elle maugréa : Faire la noce ! faire la noce ! Avec ça que c’est commode d’agir autrement quand on n’a pas le sou ! Et puis, est-ce que toutes les femmes ne faisaient pas la noce ! Elle était plus franche que les autres, voilà tout… Oh ! maintenant les crampes d’estomac la reprenaient. Tout remuait en son ventre, ses boyaux se tordaient, des éructations lui montaient à la gorge, successives, lui faisaient ouvrir la bouche sans cesse, secouaient sa poitrine. Oh ! si ça continuait ainsi, elle fini-