Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/123

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nir et prcsscnlir vaguement le sort qui l'attend :

Nous devons à la mort et nous cl nos ouvrages ; Nous mourrons les premiers, le long reply des âges En roulant, engloustit nos œuvres à la fin.

Il corrige alors ses œuvres avec un soin minu- tieux; il doute de lui-même; il semble se repro- cher la voi(! qu'il a suivie et prévoir que cette gloire qu'il a tant aimée, pour laquelle il a travaillé pen- dant toule sa vie, qui a été son unique but, est sur le point de lui échapper.

A cette première cause de tristesse, viennent en- core s'en joindre d'autres. Si le poêle voit pâlir son étoile, l'amant aussi a perdu ses espérances et de- vient mélancolique. Cassandre l'a lassé par son in- flexible rigueur; Marie, la belle Angevine^ est morte après avoir été aimée de lui pendant six ans, et a emporté dans le tombeau la meilleure partie de son -cœur.

Comme on voit sur la branche, au moys de mai, la rose

Rendre le ciel jaloux de sa belle coulcin,

Quand l'aube, de ses pleurs, au poinct du jour l'arrose,

La grâce dans sa feuille cl l'amour se repose.

Embaumant les jaidins cl les arbres d'odeur.

Mais battue ou de pluyc ou d'excessive ardeur.

Languissante elle mcint, leuilleà i'cuillc déclose.