Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/241

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Voilà le caractère spécial du senliment de la na- lurechez Yiclor Hugo; voilà par oii il restera tou- jours original. Cette sorte de panthéisme périlleux pourra choquer ou effrayer bien des gens, maison y doit voir la marque d'un talent véritable.

Lisez les passages suivants, il vous sera impos- sible de vous soustraire à l'influence que nous ve- nons de noier :

A ALBERT DURER :

Dans les vieilles forets où la s^ve à grands flots

Court du lui noir de l'aune au Irone blanc des bouleaux.

Bien des fois, n'est-ce pas, à travers la clairière,

Pâle, effaré, n'osant regarder en arrière,

Tu t'es hâté, tremblant et d'un pas convulsif,

mon Maître, Albert Dure, ô vieux peintre pensif!

Une forêt, pour loi, c'est Un monde hideux; Le songe et le l'éel s'y mêlent tous les deux.

végétation, esprit, matière, force!

Couverte de peau rude ou de vivante écorce !

Au bois, ainsi (pie toi, je n'ai jamais erré,

Maître, sans qu'en mon cœur l'borreur n'ait pénétré,

Sans voir tressaillir l'berbe et, par le vent bercées.

Pendre à tous les rameaux de confuses pensées.

J'ai senti, moi fpi'écbauffe une secrète flamme, Comme moi, j)alpiteret vivre avec une âme, Et rire et se parler dans l'ombre, à demi-voix, Les chênes monstrueux, qui remplissent les bois.