Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/274

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— Î26t> - erreur, et que c'est moins sur lui que sur la France entière que la faute doit en être rejetée. C'est elle qui, éblouie par le mirage de la gloire, a été trompée au point de prendre la force pour le droit, le despotisme pour la liberté ; qui s'est laissée égarer par le prestige de ses conquêtes d'un jour, et qui a, de ses propres mains, dressé des autels à un homme au protit duquel elle avait versé son sang à flots, sur vingt champs de balaille.

Nous arrivons à cette conclusion, que Ronsard et Victor Hugo ont été, l'un et l'autre, des poêles nationaux; qu'ils ont représenté chacun l'idée pa- triotique de leur époque; qu'ils ont su faire vibrer une des cordes les plus sensibles dans l'âme de leurs concitoyens. On ne peut, légitimement, de- mander plus îi des poètes. Ceux qui lisaient, au seizième siècle, la Harangue de Guise aux assiégés (le Metz, ou V Exhortation au camp de Henri II, ressentaient, j'en suis sûr, le même tressaillement qu'a éprouvé notre génération en lisant VOde à la Colonne, celle à Napoléon II, etc. — La langue, la versification, le ton général de Victor Hugo sont naturellement plus en harmonie avec le goût de notre temps, que les Hymnes de Ronsard, et nous ne saurions nous empêcher de donner la préférence à celui qui chante des faits plus rapprochés de nous. Mais, si nous faisons abstraction de notre person-