Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/279

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— '■lui — de Ronsard, qui commence ainsi : Qui voudra voir comme amour me surmonte^ oit fait tant de mau- vais singes. Vous diriez que la plupart de ceux de son temps, et après son temps même, n'eussent su par où débuter leurs sonnets amoureux, s'ils n'eus- sent celui-là pour règle et pour modèle. Mais, ô mi- sérables copies ! que vous estes aussi éloignées du mérite de cet original, qu'un simple grotesque commencé est éloigné des portraits achevés de Mi- chel-Ange. » Colletet pourrait attribuer à Ronsnrd lui-même ce qu'il dit de ses imitateurs; il n'est, dans toute cette partie, qu'un fade traducteur de Pétrarque, si fort à la mode alors.

11 ne faut pas davantage chercher son véritable talent dans les élégantes petites pièces où il traduit et imite Anacréon : l'Amour pifjué, l'Amour en- chaîné, l'Amour prisonnier ne renferment l'expres- sion d'aucun sentiment, et nous serions bien em- barrassés si nous avions à étudier seulement d'après ces pastiches antiques les passions de Ronsard. Heureusement pour nous, il a écrit les Amours de Marie, d^ Hélène et de Genèvre; c'est là qu'il faut l'étudier, car c'est là qu'il est original.

Trois caractères principaux constituent le charme de l'amour de Ronsard. 11 est passionné, incon- stant, mélancolique.

Imitateur de Pétrarque par la forme qu'il em-