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Son temple était un grand atelier de l’île Saint-Louis. Le prophète du dieu se nommait Caillaux, sculptait des bas-reliefs symbolisant l’androgynisme, et signait une brochure de Celui qui fut Caillaux.

Autour du grabat divin se réunissaient d’ordinaire les croyants au Mapah.

Celui qui fut Ganneau exerçait le métier de doreur-sculpteur. Il portait au cou, suspendue à une chaîne, une brosse à dorer. Par là, sans doute, il voulait rehausser aux yeux des masses les professions manuelles ; ou bien, c’était une singularité de monomane.

Quoi qu’on en puisse penser, cette brosse ne paraissait pas un insigne très respectable.

« Savez-vous pourquoi le dieu porte toujours une brosse de doreur à son cou ? disait un journaliste. — C’est parce qu’il veut être toujours adoré (à dorer). »

Survint un procès, pour cause de scandale religieux. Le dieu répondit à ses juges en singeant le Christ devant les siens.

Le Mapah agissait papalement, en quelque sorte ; il écrivait à Grégoire XVI, avec lequel il espérait sans doute traiter de puissance à puissance. À plus forte raison prenait-il à partie l’archevêque de Paris.

Tout cela finit par la misère et la maladie. La