n’hésitai pas à aller consulter, un certain jour, la célèbre Mlle Lenormand, la devineresse qui avait eu l’honneur de dire la bonne aventure à Mirabeau, à Talma, à Napoléon Ier, à l’impératrice Joséphine, et à d’autres sommités en tous genres.
Ses consultations coûtaient cher, mais que n’aurais-je pas donné pour connaître l’avenir ? Curiosité malsaine, à laquelle je cédai. Je me rendis chez Mlle Lenormand, logée somptueusement, rue de Tournon, 5.
Dès que la nécromancienne de haut parage m’aperçut, elle me regarda fixement, et me dit :
— Oh ! oh ! jeune homme, vous venez consulter la tireuse de cartes, vous dont le père est fabricant de cartes…
C’était vrai. Mon père fabriquait des cartes à jouer.
L’apostrophe de Mlle Lenormand produisit sur moi le plus grand effet. J’éprouvai comme un éblouissement.
— Elle devine admirablement bien, pensai-je.
Mlle Lenormand étala sur la table le jeu de cartes à l’aide desquelles tout mystère devait être dévoilé. Son air devint plus grave, plus majestueux.
— Jeune homme, reprit-elle, après avoir manié ses cartes d’une manière incompréhensible