Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/128

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des Deux Pierrots, j’espérais des temps meilleurs.

Parfois, j’allais chez mon ami Augustin Savard, le savant harmoniste que j’ai perdu en 1881, et nous faisions un peu de musique vocale, nous déchiffrions quelques partitions de choix ; ou bien je me rendais chez mon autre ami, le compositeur François Bazin, l’auteur de Maître Pathelin, alors récemment arrivé de Marseille à Paris, et j’y entendais quelques virtuoses.

Parfois encore, je me faufilais dans l’atelier d’un peintre ou d’un sculpteur, de Louis Boulanger ou de Préault ; et là, je dévorais les théories artistiques dont ils n’étaient pas avares.

Les mots de Préault réussissaient plus que ses marbres.

« Préault, disait-on, a toujours une superbe statue dans le cerveau… mais elle n’en sort jamais. »

Mon frère étudia la peinture, d’abord chez le classique Misbach, une curiosité de l’espèce, puis chez Rémond, le paysagiste académique, enfin chez le glorieux Ingres, une des plus grandes illustrations de l’époque.

Lui aussi, mon frère, était entravé dans sa vocation, d’après cette opinion « que les artistes meurent de faim ». Ses amis l’encourageaient.