Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Debout sur les barricades, un fusil à la main, Adolphe Nourrit chanta la Marseillaise et dirigea au feu ses auditeurs enivrés.

Le nombre des combattants augmentait chaque jour. Plusieurs grands manufacturiers avaient dit à leurs ouvriers :

« Allez vous battre ; vos journées vous seront payées ! »

La bataille eut des proportions énormes ; le 28 juillet, on prenait et reprenait l’Hôtel de Ville ; le 29, les insurgés parisiens, déjà maîtres d’une bonne moitié de la capitale, s’emparaient successivement du Louvre, des Tuileries et de la caserne de la rue de Babylone, dans le faubourg Saint-Germain.

Les coups de canon, les feux de peloton ne cessaient qu’à de rares intervalles, même pendant la nuit.

Le 30 juillet, la révolution était faite ; le peuple était victorieux ; Charles X tombait de son trône.

Tout Paris se métamorphosait ; on eût dit un changement à vue, — décors et costumes.

Plus de Suisses, plus de garde royale : les troupes s’évanouissaient. Dans plusieurs casernes et sur quelques places, des soldats de la ligne fraternisaient avec les vainqueurs, la crosse en l’air d’abord, puis le verre en main.

Mon oncle me conduisit, à travers les barri-