Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/138

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les plus divers dont il tirait des déductions piquantes, ou à propos desquels il prodiguait les fins aperçus.

La Sorbonne, avec lui, avait l’air d’un vaste salon. On y riait quelquefois !

Par contre, au Collège de France, depuis 1831, Lerminier, ancien saint-simonien, rédacteur du Globe, publiciste pour lequel une chaire des législations comparées avait été créée, remportait des triomphes oratoires, interprétait chaleureusement les préoccupations de l’époque. Ses leçons, reproduites par les journaux, se répandaient dans toute la France.

Les jeunes républicains étaient suspendus aux lèvres de ce professeur aux grandes phrases, ou plutôt, aux mots retentissants ; qui parlait sans cesse de « liberté civilisatrice », de « constitutionnalité », de « progrès des lumières contemporaines », et qui, avec des poses superbes, avec des gestes fougueux, semblait être quelquefois sur le trépied.

Le Collège de France, avec lui, ne différait guère d’un club. On s’y bousculait quelquefois !

Saint-Marc Girardin et Lerminier, le second surtout, m’eurent bientôt pour auditeur.

Lorsque ma sœur, patronne des Deux Pierrots, m’envoyait en course chez quelque marchand en gros de la rue du Sentier, je fourrais dans ma