Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/200

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Balzac, surexcité par les admirations éclatantes de Berlioz, n’imagina pas un meilleur moyen, pour manifester son dilettantisme, que de se rouler sur le parquet — littéralement — et de s’écrier : « Bravo ! sublime ! C’est le dieu du piano ! »

Puis, tout à coup, l’auteur de Gambara se retourna, en se relevant, vers moi, et me dit :

« Je lui en veux d’avoir écrit une symphonie révolutionnaire en 1830. Heureusement, elle est restée inédite ! »

Berlioz fit une légère moue. Il avait, lui-même, mis en musique, pour un anniversaire des journées de Juillet, l’hymne sublime de Victor Hugo,


Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, etc.

Au temps de ses plus beaux succès littéraires, Balzac avait une tenue étrange, souvent désordonnée. Outre le costume quasi monacal dont il s’affublait ordinairement dans son cabinet, il revêtait des habillements de pure fantaisie, sans tenir compte des saisons. J’ai rencontré l’illustre romancier sur le Pont Royal par une très froide journée de décembre : il portait un pantalon de coutil gris avec un paletot fourré.

En plusieurs circonstances, ce noble par système semblait oublier que noblesse oblige ; le