Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/211

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qu’à dénier à l’auteur des Messéniennes et de Marino Faliero un estimable talent de poète, un talent supérieur d’auteur dramatique.

Casimir Delavigne écrivait, dans une préface : « La raison la plus vulgaire veut aujourd’hui de la tolérance en tout. » Il devint partisan des concessions en littérature, du juste milieu comme en politique. Classique par l’École des vieillards, où Mlle Mars avait joué avec Talma, par les Vêpres Siciliennes et le Paria, il sacrifia au romantisme non seulement par Marino Faliero, mais par Louis XI ; quoiqu’il donnât à la dernière de ces œuvres le nom de tragédie, sans doute pour ne pas rompre avec ses soutiens littéraires, il ne caractérisa pas la seconde quand il l’imprima : Marino Faliero parut, — on l’a remarqué, — « sans autre ornement que le nom de l’auteur ».

Craignant de suivre Alexandre Dumas, Victor Hugo et Alfred de Vigny, il hésita à entrer nettement dans le drame. Aussi quelques bouillants coryphées de l’École moderne qualifiaient les Enfants d’Édouard de « tragédie puérile ».

Bref, les romantiques firent la guerre à Casimir Delavigne, dont le succès les gênait ; ils n’épargnèrent pas, non plus, le roi du vaudeville, qui, ne se contentant pas d’être joué et applaudi dans tous les théâtres de second ordre, osait