Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/253

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— Oh ! oui, répondit le factotum… On a affiché les Huguenots, et on ne les jouera pas ! »

Le compositeur Berton, l’auteur de Montano et Stéphanie, avait écrit, en 1829, un factum dédié à Boieldieu, dans lequel il s’élevait contre la musique mécanique de Rossini. Boieldieu ne partageait pas cette opinion, et il fut médiocrement flatté de la dédicace.

Soit par fatigue, soit par ennui, soit par paresse, le compositeur italien en qui Berton détestait un rival acclamé, cessa d’écrire ou à peu près, vers l’âge de trente-sept ans.

Rossini a dit, après Guillaume Tell :

« Un succès de plus n’ajouterait rien à ma renommée ; une chute pourrait y porter atteinte ; je n’ai pas besoin de l’un, et je ne veux pas m’exposer à l’autre. »

Meyerbeer et Halévy lui faisaient ombrage, outre qu’il boudait le gouvernement de 1830. Il disait, en partant pour l’Italie :

« Je reviendrai quand les Juifs auront fini leur sabbat. »

Il ne revint pas, mais Duprez rendit la vie à Guillaume Tell, abrégé et délaissé depuis quelques années.

Ce grand chanteur, à la voix pleine et large, aux accents pénétrants, succéda à Adolphe