Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/266

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du tabac. « Exemple : M. Habeneck Ier est devant son pupitre à l’Opéra. Les hommes chantent, courons. — Les filles, dansons. — Les garçons, aimons. — Les femmes, pleurons. — Les vieillards, buvons. — Les voleurs, cherchons, etc. — Pendant ce temps, M. Habeneck Ier veut prendre une prise de tabac ; le chœur chante toujours, l’orchestre continue ses accompagnements. Le chef pose son violon ; puis il place son archet près du trou du souffleur, il cherche sa tabatière dans la poche de son habit, et il ne la trouve, après de nombreux tâtonnements, que dans son gilet ; il ouvre alors sa tabatière, puise du tabac, présente la prise à son nez, la renifle bruyamment (sapristi ! le tabac est sec, hum ! hum !) pince ses narines, ferme sa tabatière, la remet dans sa poche, reprend son violon, ramasse son archet et soudain bat le premier temps de la mesure lorsque les symphonistes en sont au troisième. Vous le voyez, la tabatière est incompatible avec les fonctions de chef d’orchestre. »

« Au demeurant, ajoutait Ernest Alby, M. Habeneck Ier ne manque pas de talent… »

La prise de tabac d’Habeneck me remet en mémoire cette anecdote racontée par M. Berlioz, à propos d’une exécution de son Requiem aux Invalides.

« Par suite de ma méfiance habituelle, écrit