Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/30

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théâtre mixte osées par Casimir Delavigne, avait des mots tout à fait réjouissants à l’endroit de l’Honneur castillan. Il avait coutume de dire, en classe, lorsque le vent se glissait par une fenêtre entr’ouverte :

« Fermez cette fenêtre. Je n’aime pas l’air… nenni, je n’aime pas l’air ! »

Puis il s’applaudissait pour son atroce calembour, dont l’énoncé nous arrachait une longue suite de murmures, que parvenaient à peine à faire cesser les retenues les plus multipliées.

Je constate la chose, parce que cet homme, écho maladroit des classiques de haut lieu, a contribué au succès de Victor Hugo parmi nous, et parce qu’il rendait ses collègues ridicules en assurant que l’Université n’admettrait jamais le « mauvais français » des romantiques. Victor Hugo, alors, semblait être un barbare, qui écorchait la langue française.

Hernani nous avait portés vers l’héroïsme chevaleresque ; Marion Delorme nous transforma en rédempteurs des filles perdues. Lucrèce Borgia nous fit aimer le beau dans l’horrible ; avec Angelo, nous devînmes des fanatiques de Marie Dorval, cette interprète par excellence du drame moderne.

L’unique et bruyante représentation du Roi s’amuse, en 1832, nous rendit absolument fous